Pour permettre aux entreprises de mener leurs activités avec succès, une bonne «Gouvernance numérique» est indispensable. Voici quelques conseils.
Chaque PME est confrontée à de nombreux défis, la capacité de son équipe de direction à faire les bons choix conditionnera le succès. Parmi ses principaux challenges, la stratégie en matière informatique pourra favoriser la réussite ou au contraire la rendre définitivement inaccessible. On peut résumer ces enjeux sous le terme de «Gouvernance numérique».
Désormais maillon essentiel de la chaîne de valeur de toute entreprise, le système informatique est omniprésent, en réalité il en structure l’activité. Nous sommes passés progressivement d’une logique où ce dernier venait en support aux activités de l’entreprise, épousant sa logique et ses modalités d’organisation, à une perspective inverse où l’entreprise adapte ses processus opérationnels à l’outil numérique, ce dernier représentant la norme dans chaque domaine d’activité : suivi clients, gestion des fournisseurs, comptabilité, gestion des ressources humaines, communication, archivage probatoire, partage de l’information….
Une bonne Gouvernance numérique vise, au sein d’une offre pléthorique, à faire les bons choix en matière de Technologies de l’Information et de la Communication (TIC). Ces dernières peuvent être définies comme l’ensemble des technologies matérielles (machines, équipements physiques, datacenters) et logicielles qui rendent, une solution informatique fonctionnelle. Ce domaine d’activité finalement encore très jeune et immature, a sa propre logique dont il faut absolument comprendre les grands principes.
Faire des choix pour le temps long…au sein d’une offre en effervescence perpétuelle !
Tout d’abord, affirmons sans détour que le monde des TIC est assez peu normé. La raison est dans sa nature même : une interconnexion généralisée (Internet) de systèmes hautement paramétrables qui, grâce à des langages de programmation très puissants, peuvent couvrir des cas d’usage infinis.
C’est ce qui fait la forte particularité et l’intérêt de cette industrie. Les ruptures technologiques y sont permanentes, souvent brutales, les évolutions de position de ses principaux acteurs, incessantes (faillites, rachats, partenariats…). Or, le choix d’une solution pour couvrir les besoins d’une organisation est structurant et engage inévitablement pour de nombreuses années. Le passage d’une technologie à une autre est difficile, dans certain cas impossible.
Alors comment se positionner ? Il faut absolument éviter deux écueils classiques : l’originalité et la forte personnalisation.
L’originalité : un risque déraisonnable
Opter pour l’originalité, autrement dit aller vers une solution peu répandue… c’est prendre un grand risque! Mieux vaut observer attentivement le marché et se diriger plutôt vers les produits déjà largement utilisés.
A défaut de réglementations, les acteurs « majeurs » dictent leurs normes qui deviennent des standards. En effet, les coûts de développement d’une solution logicielle sont très élevés, cela nécessite un effort constant de l’éditeur pour livrer des mises à jour en continu, corriger les bugs, ainsi que les failles de sécurité.
Développer une solution répondant à un besoin fonctionnel s’apparente en réalité à un jeu d’assemblage de plusieurs composants et technologies existant déjà, mis à disposition par des tiers, que ce soit gratuitement (monde « Open Source ») ou non. Ces composants ont leur propre rythme d’évolution (on parle de «roadmap») et à chaque modification de l’un d’entre eux, c’est la solution globale qui doit être reconstruite, «repackagée» (les mises à jour sur les ordinateurs ou les smartphones en sont une illustration concrète).
Il n’y a par définition pas de stabilité dans le monde des TIC, mais au contraire, un mouvement perpétuel savamment entretenu par tous ses acteurs. Il en va d’une certaine logique technique, mais également économique….
Les dangers de la forte personnalisation
Il est naturel pour le chef de PME ou pour l’équipe en charge des choix en matière de TIC de viser à ce que la solution informatique réponde le plus directement aux besoins fonctionnels, quitte à adapter très largement la solution. Beaucoup de prestataires informatiques, les intégrateurs, proposent leurs services dans ce domaine. Rien de problématique au premier abord car chaque solution est par essence très paramétrable. Mais, trop s’éloigner des schémas standards prévus par les éditeurs, c’est se diriger vers une implémentation spécifique qui rendra trop dépendant de l’intégrateur et ne sera pas pérenne. Certains projets informatiques de grande ampleur ont échoué pour cette seule raison ! Il est difficile pour des non spécialistes de déterminer quand on aura dépassé le cadre de cette trop forte personnalisation, et il n’est pas directement dans l’intérêt des prestataires informatiques de se préoccuper de cette problématique et de jouer la transparence.
L’équilibre subtil est à rechercher avec des partenaires de confiance. Choisir l’option où l’on reste dans les fonctionnalités standards des solutions afin notamment, de bénéficier des standards de l’industrie, des meilleures pratiques de son corps de métier, parait plus sûr sur le long terme.
La rigueur avant tout face aux cyber-menaces exacerbées
Une fois la solution choisie et mise en place, l’équipe de direction doit avoir conscience que des menaces aiguës pèseront en permanence sur la disponibilité du système informatique, ainsi que sur l’intégrité et la confidentialité des données, on parle de « cyber-menaces ».
La nature des TICs (interconnexion massive et grande possibilité de paramétrage) rend possible voire facile de détourner des systèmes de leur usage initial. Une criminalité en cols blancs, en réalité des organisations désormais bien rodées, à la base d’un solide modèle économique, s’est mis en place. Ces dangers ont vocation à se développer. Mais il n’y a pas de fatalité, une gestion des plateformes informatique rigoureuse permet de diminuer considérablement les risques. Un point crucial à retenir : la sauvegarde des données doit s’effectuer avec le plus grand sérieux. C’est bel et bien l’équivalent des canots de sauvetage du Titanic fonçant vers l’iceberg, souvent le dernier recours !
Ainsi, opérer une bonne «Gouvernance numérique», c’est comprendre que toutes les solutions et toutes les stratégies en matière informatique ne se valent pas. C’est se projeter dans la perspective du temps long, celui du patrimoine informationnel de l’entreprise… ce qui ne va pas de soi dans un contexte aussi bouillonnant que celui des TIC. C’est enfin exiger des conseillers, prestataires et fournisseurs de solutions leur positionnement par rapport à leur propre pérennité et à la pérennité des solutions techniques qu’ils proposent.
Il est impossible de prédire l’avenir, surtout dans ce domaine, il est donc d’autant plus nécessaire, dès les choix initiaux, de considérer la singularité de l’industrie informatique afin de se placer plus sûrement face aux défis et opportunités du monde d’aujourd’hui et de demain.